Il est devenu habituel d’identifier l’acte de naissance de cette prise de conscience « écologiste", au sens politique qu’elle a aujourd’hui à l’instauration de la première « Journée de la Terre  » le 22 avril 1970 aux États-Unis par Gaylord Nelson (1916-2005), alors sénateur démocrate du Wisconsin. Cette journée arrive, en pleine guerre du Viêt Nam, comme en apothéose de l’action des mouvements qui agitent la société américaine depuis le début des années 1960. L’année précédente, du 15 au 18 aoà »t 1969, s’était tenu le célèbre festival de Woodstock qui avait rassemblé une foule énorme de 500 000 jeunes. Cet évènement reste comme l’un des moments forts de diffusion de cette contre-culture américaine portée par les mouvements et communautés hippies qui des États-Unis parvint en Europe et en France et essaima ailleurs dans le reste du monde.
Ainsi, en cette fin des années 1960, s’est opérée une sorte de percolation croisée faisant naître une conjonction entre les aspirations pacifiques, libertaires et opposées à la société de consommation de la jeunesse américaine, et les alertes « environnementales  » portées en ce temps-là , notamment par Rachel Carson qui rendait responsable dès 1962, l’industrie chimique des atteintes à la santé humaine et aux écosystèmes auxquelles s’ajoutaient des pollutions de l’air et de l’eau bien visibles.
C’est donc dans ce contexte que le président Georges Pompidou décide la création du ministère de la protection de la nature et de l’environnement.
Mais pourquoi créer un ministère ? Est-ce à dire que la cause énoncée dans son intitulé était antérieurement absente de l’action gouvernementale, qu’elle était orpheline de politiques publiques ? Les réponses à donner à ces questions ne sont pas binaires, et il a déjà été apporté un début de réponse en mentionnant que la croissance obtenue durant les « Trente Glorieuses  » avait été facilitée par son découplage des préoccupations environnementales.