Histoire de la protection de la nature et de l’environnement
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Gouverner la nature ?

Dans le cadre des Rendez-vous 2020 de l’histoire à Blois, qui ont pour thème "Gouverner", l’AHPNE et ses partenaires, Le RUCHE et le Comité d’Histoire du ministère de la Transition écologique, organisent une table ronde pour décliner ce thème en posant la question : Peut-on gouverner la nature ?

Présentation

Dans son Introduction à l’Histoire Universelle (1840), Michelet affirme qu’« avec le monde a commencé une guerre qui doit finir avec le monde, et pas avant, celle de l’homme contre la nature ». Une telle exclamation témoigne tout à la fois d’une réalité – le défi que représente pour l’Homme la gestion de son environnement – et d’une vision historiquement datée du rapport à la nature, que le XIXe siècle positiviste cherche à maîtriser absolument grâce à la science.

L’expression « gouverner la nature » rend bien compte de ce balancement, puisqu’elle peut signifier tout à la fois exercer un empire sur les espaces et les phénomènes naturels, et les administrer pour le bien-être humain.

Les sociétés humaines ont longtemps aménagé leur proche environnement, par l’agriculture, la déforestation, les infrastructures hydrauliques par exemple, tout en étant soumises à bien des aléas naturels (inondations, sécheresses, invasions d’insectes etc.). Si l’on en croit Carolyn Merchant, il faut attendre la révolution scientifique du XVIIe siècle pour voir s’effacer une vision organiciste au profit d’une vision mécaniste d’une nature passive et uniforme, malléable à merci, et qu’il s’agissait de pleinement comprendre et maîtriser pour en refaire un éden perdu. Cette ambition s’est accrue avec l’extraordinaire puissance acquise par l’usage massif des énergies fossiles au tournant du XIXe siècle et les vagues successives de mondialisation des économies de marché.

Depuis les années 1990, la crise climatique tout comme l’effondrement de la biodiversité remettent assez largement en question la durabilité des modèles de civilisation industrielle. La dimension planétaire de cette remise en question révèle la nécessité d’une gouvernance passant par la recherche d’un consensus scientifique (le GIEC par ex.) et d’un consensus international (COP).

Par ailleurs, il importe de rappeler les liens entre le gouvernement des hommes et le "gouvernement de la nature" : il y a là un enjeu central des rapports de pouvoir, de domination et d’exploitation qui met en jeu des questionnements sur les effets durables de la colonisation et du capitalisme mondialisé par exemple.

Par cette table ronde, il s’agira donc tout d’abord d’interroger les ambitions changeantes, dans le temps, de ce gouvernement : soumission à l’ordre social, protection, conservation.

Il faudra ensuite mettre en évidence les acteurs de cette gouvernance, en les interrogeant au prisme du genre (1) - liant dégradations environnementales et soumission des femmes - ou par les voix de leurs détracteurs (2).

Enfin, ce sont les moyens de ce gouvernement de la nature qui devront être mis au jour, ainsi que leurs limites et leurs jeux d’échelles (ministères de l’environnement, programme pour l’environnement des nations unies, etc.). En fin de compte, chercher ce qu’a pu signifier historiquement « gouverner la nature » c’est peut-être éclairer et mettre en avant un 3e sens du verbe « gouverner » : avoir soin qu’une chose soit en bon état, ne périsse pas (3).

(1) Carolyn Merchant, The Death of Nature : Women, Ecology and the Scientific Revolution, London, Wilson House, 1980.
(2) Serge Audier, La Société écologique et ses ennemis, Paris, La Découverte, 2017.
(3) D’après le dictionnaire Littré.

Modérateur : Charles-François Mathis, maître de conférences à l’université Bordeaux Montaigne, ancien président du RUCHE

Intervenants :
Patrick Blandin : écologue, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle
Romain Grancher, chargé de recherches au CNRS, Laboratoire TEMOS
Céline Pessis, docteure en histoire, INRA / LISIS-université Gustave Eiffel

Vendredi 9 octobre 2020 : 14h - 15h30. Amphi 1, site chocolaterie de l’IUT


Par Henri Jaffeux

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