Histoire de la protection de la nature et de l’environnement
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La nature en révolution.

Une histoire environnementale de la France, 1780-1870 (vol. 1)

L’éditeur La Découverte propose, dans une série de trois volumes, de parcourir l’histoire environnementale de la France de 1789 à nos jours, afin d’enrichir l’histoire nationale sous le prisme de la nature.

Mais qu’est-ce donc que l’histoire environnementale ?

En 1869, dans son ouvrage La Terre : description des phénomènes de la vie du globe, le géographe et anarchiste Élisée Reclus conclut que les hommes sont "devenus, par la force de l’association, de véritables agents géologiques, ils ont transformé de diverses manières la surface des continents, changé l’économie des eaux courantes, modifié les climats eux-mêmes, déplacé les faunes et les flores." Dans une série d’ouvrages collectifs publiés aux éditions La Découverte, plusieurs historiens et historiennes proposent de faire la synthèse de la recherche en histoire environnementale de France. Pourquoi faire une histoire nationale de l’environnement ? Que fait l’histoire environnementale à la façon dont s’écrit l’histoire de France ? Et depuis combien de temps les questions environnementales agitent-elles les débats politiques en France ?

L’histoire environnementale se structure à partir des années 1970 dans les mondes universitaires anglo-américains, alors empreints de l’histoire sociale et du paradigme marxiste. "L’histoire environnementale essaye de dépasser l’idée qu’il existerait une entité qu’on appelle nature et, de l’autre côté, une entité qu’on appellerait société", explique l’historien François Jarrige. “La ‘société’ est une manière d’agencer les flux de matière qui structurent ce qu’on appelle nature. La nature est toujours un processus de co-construction, d’anthropisation.” En France, l’histoire environnementale s’institutionnalise seulement au début du 21ème siècle. Comme le précise François Jarrige, "les historiens des Annales, dans l’entre deux guerres, s’intéressaient beaucoup à la construction mutuelle des sociétés et des milieux naturels dans leur diversité. La Méditerranée de Fernand Braudel [1949] est aussi un ancrage très important". C’est aujourd’hui un champ de recherche dynamique. Voir plus

En 2008, deux associations voient le jour en France pour explorer cette histoire : le réseau universitaire des chercheurs en histoire environnementale (Le Ruche) et l’Association pour l’histoire de la protection de la nature et de l’environnement (AHPNE)

L’histoire environnementale souligne les rapports pluriels qu’entretiennent les sociétés humaines à leur environnement, dans le temps long, au-delà d’un seul cadre national et d’une histoire économique traditionnelle. “On a pensé très tôt ces atteintes à la nature [...]. Ces critiques étaient soit marginales ou marginalisées, s’inscrivaient dans des rapports de force et des rapports sociaux qui ne leur permettaient pas de s’exprimer”, souligne l’historien Charles-François Mathis, co-directeur de La Terre perdue. Une histoire de l’Occident et de la nature, XVIIIe-XXIe siècle (Tallandier, 2025). “L’histoire environnementale révèle ces contestations, ces autres manières de voir le monde et ces façons d’envisager d’autres rapports que des rapports utilitaristes, productivistes à la planète.” Par exemple, le 19ème siècle ne peut être considéré comme un moment de seule exploitation des ressources. "Entre 1780 et 1870, la France a à peu près brûlé 400 millions de tonnes de charbon [...] On émet aujourd’hui en deux ou trois ans l’équivalent de tout ce qu’on a émis comme gaz à effet de serre au cours du 19 ? siècle et jusque dans les années 1970”, rappelle Charles-François Mathis. “Le 19ème siècle est le moment d’apogée de la société paysanne et d’un soin maximal apporté à l’économie de la nature, au recyclage.”

Le premier volume de la trilogie "La nature en révolution" propose un nouveau regard sur la France de 1789 à 1870. Comment cette nation paysanne a-t-elle entretenu la fertilité de ses sols avant les engrais chimiques ? Pourquoi les questions que l’on qualifierait maintenant d’écologiques étaient-elles centrales dans les Assemblées révolutionnaires ? Comment le capitalisme français est-il parvenu à drainer des matières premières à l’échelle mondiale ? Comment les risques et les pollutions furent-ils normalisés pour qu’advienne l’industrialisation en dépit des plaintes et des procès ? À qui profitaient les émissions de CO2 ? C’est à ces questions et à bien d’autres encore que ce livre fournit des réponses surprenantes, modifiant en profondeur notre compréhension de la France du XIXe siècle.

Les auteurs en sont : Jean-Baptiste Fressoz, François Jarrige, Thomas Le Roux, Corinne Marache, Julien Vincent

Pour en savoir plus, écoutez l’entretien de Xavier Mauduit avec François Jarrige et Charles-François Mathis dans le Cours de l’histoire du 4 avril 2025 :

François Jarrige, historien des sociétés industrielles, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne

Charles-François Mathis, historien, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre de l’Institut d’histoire moderne et contemporain. Il a co-dirigé avec Steve Hagimont La Terre perdue. Une histoire de l’Occident et de la nature, XVIIIe-XXIe siècle aux éditions Tallandier, paru en mars 2025.


Par Henri Jaffeux

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