Histoire de la protection de la nature et de l’environnement
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La qualité des sites et des paysages en France ou l’histoire de la victoire des modernes

Anne Fortier Kriegel fait remonter son récit aux premières perceptions du paysage français issues des voyages d’Arthur Young, cet agronome anglais qui parcourut la France de long en large et en décrivit ses campagnes dans son Voyage en France paru en 1792.

Elle y relate l’action avant-gardiste de grands écrivains et artistes français visionnaires du XIXè, et tout particulièrement celle de Victor Hugo, dont elle fait le personnage central et l’initiateur de la loi pour son rôle dans la conservation des sites et paysages qu’il décrit si bien et dont il se fait l’avocat.

Elle présente ensuite le contexte dans lequel le relais sera pris par de multiples associations nationales et locales à vocation touristique qui voient le jour et prospèrent sur le terreau ensemencé par les artistes de la génération précédente. Le Club Alpin Français (1874), le Touring Club de France (1890) ou encore la Société pour la Protection des Paysages de France (1901) n’auront de cesse de prendre des initiatives et de chercher à convaincre les responsables politiques de la nécessité de protéger les sites et paysages de la nation.

Une première étape sera franchie grâce à l’action déterminée d’un autre personnage central à cette époque, le député du Doubs, Charles Beauquier. En 1899, alors que la source et la cascade du Lison, situées dans sa circonscription, sont menacées par un projet de conduite forcée pour produire de l’électricité, Charles Beauquier prend fait et cause pour leur protection, au détriment des intérêts privés. Convaincu de la justesse de ce combat, il dépose, dès 1901, une proposition de loi pour organiser la protection des sites et monuments naturels de caractère artistique. Sa ténacité lui fera venir à bout des oppositions et il finira par faire adopter la loi cinq ans plus tard, le 21 avril 1906.

En corrigeant les insuffisances du texte de 1906, qui rendaient son application difficile et limitait le classement à des sites ponctuels, comme des cascades ou des rochers, une seconde étape, plus audacieuse du point de vue juridique, sera franchie en 1930. En effet, la loi adoptée le 2 mai pose une limite au droit de propriété en instituant le classement avec ou sans l’accord du ou des propriétaires des lieux, du moment que l’intérêt général le justifie.

Pour Anne Fortier Kriegel, la loi du 2 mai 1930 offre une réconciliation du passé et de l’avenir, de la nature et de la culture, de l’art et de la science.

Pour consulter ou se procurer le revue "Pour mémoire", adressez-vous au comité d’histoire


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