Celui que l’on surnommait à la fin de sa vie « le Grand-père vert » est né le 14 novembre 1923, avenue Montaigne à Paris. Un vrai Parisien, et des beaux quartiers. Pendant la guerre, il se réfugie dans le Limousin. Après la guerre, il dessine et devient peintre animalier. Il est travailleur libre au Muséum national d’histoire naturelle, o๠il consulte les collections et les ouvrages de la bibliothèque. Il est auteur illustrateur pour gagner sa vie et fait la traduction du célèbre guide des oiseaux d’Europe de R. Peterson.
En 1946, il se lance dans une entreprise originale : tous les dimanches de l’année (sauf en juillet/août), il donne rendez-vous à la gare d’Auteuil (Paris 16e) à ceux qui veulent découvrir les oiseaux du bois de Boulogne. Il transmet généreusement ses connaissances mais reste prudent : « Je ne leur montrais pas les nids ». Il va poursuivre cette œuvre de vulgarisation jusqu’à la fin de ses jours. Il adhère à la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) en 1951.
En 1956, il quitte Paris et devient permanent de la SNPN (Société nationale de protection de la nature) en Camargue. Ce séjour lui permet de découvrir de visu des oiseaux qu’il ne pouvait voir au bois de Boulogne. Il remet chaque année (1957/1961) son rapport ornithologique. Il rentre à Paris en 1962 et s’installe avec sa famille rue du Cherche-Midi (6e), où il réside jusqu’à sa mort. Jusqu’en 1968, il illustre l’ouvrage Les oiseaux de France. La même année, il publie les Atlas d’ornithologie (3 tomes). Il rédige une monographie du canard colvert et illustre la Messe des Oiseaux d’Olivier Messiaen.
Il reprend ses sorties au bois de Boulogne en 1970. Il prévient ses compagnons : « Dans la nature, il faut toujours s’essuyer normalement les pieds ». Pour lui, la nature est un espace qu’il faut connaître et surtout respecter. S’essuyer les pieds avant d’entrer, c’est ce que l’on fait lorsqu’on rend visite à des amis. En 1984, il est le premier président du Festival du film ornithologique de Ménigoute (Deux-Sèvres), qui va s’installer comme un rendez-vous incontournable des amateurs de nature sauvage.
Alors qu’il n’a plus qu’un œil valide, il continue ses sorties au bois de Boulogne, muni de sa lunette monoculaire. Il les identifie par leur chant ou leur cri, de toute façon. Je l’entends m’expliquer : « L’hiver, trois oiseaux seulement chantent : le rouge-gorge, le troglodyte et l’accenteur mouchet. Au fil des semaines, d’autres s’ajoutent : la sittelle crie comme une vieille machine à écrire. Au printemps, elle chante. Le merle est mélomane : ça monte et ça descend. La grive musicienne répète. Le pinson du nord de la Loire arrête net son trille. Au sud, cela se prolonge. Le pouillot véloce bat la mesure, le pouillot siffleur est proche du troglodyte. La grive draine chante en retrait. Elle était honorée par les Druides car elle disperse le gui ».
De même, il explique : « Quand on connaît le chant des oiseaux, on n’est jamais seul dans la nature : on est entouré de tout un peuple ; on a des copains partout ». Ces sorties dominicales sont pour lui à la fois un sacerdoce et un plaisir. « Je n’ai pas besoin d’être remercié, tellement je me suis amusé ». Il est mort chez lui à Paris, le 24 juin 1999.
Jacques Penot a fait au moins un disciple : Marc Giraud. Grâce à lui, le jeune naturaliste est devenu un excellent illustrateur, s’efforçant de partager ses connaissances à la radio, à la télévision et au cours de promenades sur le terrain. Sans oublier ses nombreux ouvrages, dont l’excellente biographie de Darwin.
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[1] Marc Giraud, Darwin c’est tout bête ! Mille et une histoires d’animaux pour comprendre l’évolution, Paris, R. Laffont, 2009.