Histoire de la protection de la nature et de l’environnement
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Une histoire de la FRAPNA (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature)

La société actuelle nous gave d’informations, de documentations, de publicités. Chaque jour, chez les particuliers, dans les familles ou les associations, dans les entreprises et les administrations, des tonnages de papier finissent dans les poubelles ou au feu, au mieux en partie dans le recyclage. Le tout sous prétexte que la numérisation et l’informatisation ont mis au rencart un matériau séculaire, le papier. Car la prégnance dogmatique de la vitesse et de la technicité nous enjoint de regarder devant nous : à travers le pare-brise, jamais dans le rétroviseur. Pourtant, comment espérer un futur équilibré sans un minimum de recul et la moindre rétrospective, dans un contexte de discrédit politique et d’informations inutiles, voire fallacieuses.

Chaque jour, dans l’évacuation hâtive qui suit décès ou déménagements, des liasses de correspondances manuscrites disparaissent, des papiers de famille s’envolent, des souvenirs tombent dans l’oubli, le passé s’efface, des mémoires s’éteignent, des maisons s’écroulent. Pour abriter une voiture de plus, le garage d’un parc national met à la benne des piles décennales de volumes des travaux de son comité scientifique ; quand le ministère de l’Environnement monte en grade, des conteneurs s’accumulent dans les couloirs en sous-sol, en attendant de passer au broyeur ; quand le siège d’une FRAPNA met la clé sous une porte, dix années de comptes rendus de son Conseil d’Administration risquent de disparaître, même si certains ont songé à les confier aux Archives départementales et régionale, tout à fait ouvertes à nos démarches.

ÊTRE, n’est-ce pas pourtant connaître ses racines ? Notre souci était donc de maintenir une mémoire.

Certes, notre motivation pour réaliser cette tâche relève sans aucun doute de nos éducations, de nos trajectoires, de nos positions et de nos âges, mais elle s’est vue confortée dans le même temps par les sollicitations d’étudiants et de chercheurs dont le nombre et la diversité ne feront désormais à coup sûr que croître. Il s’agit donc, pour répondre à cette demande, de fournir à ces chercheurs (naturalistes, géographes, historiens, sociologues, psychologues, philosophes, économistes, journalistes, juristes, politiques) une source de données fiables, même brèves, émanant directement des militants impliqués.

Mais il s’agit aussi, par un coup d’œil dans le rétroviseur, de permettre aux nouvelles
générations de militants et de salariés de l’association d’avoir une idée du contexte sociopolitique dans lequel s’inscrivent les origines de la FRAPNA. Cette époque se situait sur la lancée des Trente Glorieuses, lorsque la croissance matérielle et le développement économique étaient les seuls crédos, et où les questions de nature ou d’environnement faisaient au mieux sourire et suscitaient le plus souvent des sarcasmes. La conscience écologique / écologiste n’animait pas alors la société, le monde industriel, financier et politique encore moins. Pourtant un frémissement associatif apparaît ça et là au début des années 1960 dans certains départements de Rhône-Alpes, au sein de structures étudiant ou utilisant la nature à divers titres, comme dans le Rhône, le Club alpin français, dans la Loire, la Société de sciences naturelles de Saint Étienne et le Club des pécheurs sportifs, en Savoie, le Mouvement homme et nature.

En pratique, à l’heure ou Internet constitue LA référence, le présent travail de mémoire peut se montrer utile en donnant matière à combler quelques lacunes du Web dont l’ignorance est parfois notoire, voire abyssale, concernant par exemple les origines de la protection d’une majorité des sites de Rhône-Alpes : il suffit pour s’en convaincre de consulter l’historique des réserves naturelles sur Wikipedia, qui ne fournit aucune information sur le rôle de déclencheur joué par les associations, la FRAPNA en particulier, dans les processus de création de ces sites maintenant protégés, à l’amiable et positivement, ou après des luttes sur des bases scientifiques, techniques, médiatiques ou juridiques.

C’est pourquoi, après quelques échanges internes et suite à nos réflexions ont émergé peu à peu la nécessité, puis la possibilité un peu ambitieuse de préparer une histoire de la FRAPNA, ceci par le croisement de deux types de fiches : un fichier « Actions » (Monique Coulet) et un fichier « Acteurs » (Philippe Lebreton).

Le premier ensemble (environ 200 monographies), comporte pour les huit FRAPNA départementales et pour la FRAPNA-région, les fiches traitant de façon synthétique des actions les plus marquantes réalisées en un demi-siècle ; le second ensemble (une centaine de biographies) concerne les militants et / ou les salariés (vivants ou disparus) ayant été initiateurs et / ou responsables de dossiers. L’ampleur du projet et les difficultés rencontrées pour la réalisation des deux types de fiches expliquent que cet historique ne soit pas exhaustif. Pour les actions, seuls les dossiers les plus emblématiques ont été traités (instauration de réserves naturelles ou d’arrêtés de biotope, thèmes généraux comme l’eau et la forêt, opposition à des projets d’aménagement, avec ou sans réussite…), sans tenir compte de la multiplicité des « petites » actions qui font le quotidien des FRAPNA départementales ou de leurs adhérents (comblement d’une zone humide, coupe forestière sans autorisation, dépôt sauvage de déchets…), sans oublier les réunions et conférences avec le public, ou la réalisation de documents techniques, scientifiques ou pédagogiques ; sans compter aussi tout le travail de représentation dans les commissions préfectorales et autres, dont le total peut atteindre la vingtaine.

Quant aux fichiers « Acteurs », il ne rassemble que les biographies qu’il a été possible d’obtenir, parfois à grand peine ! Certains militants s’étonneront à juste titre de ne pas voir apparaître les noms de personnes qui relèvent pourtant de la "légende" ou de la "saga" FRAPNA (la puissante FRAPNA, comme l’ont écrit des journalistes…) : outre des raisons factuelles (comme le décès ou l’impossibilité de joindre certaines personnes), diverses positions, individuellement respectables, sont à mentionner : l’indifférence (car notre "tasse de thé" n’est opposable à personne), le refus de ceux qui considèrent que leur action s’est insérée dans un travail d’équipe, la modestie (avec toutes ses nuances…), l’impossibilité matérielle à s’appuyer sur des documents égarés, introuvables, le manque de disponibilité devant les contraintes professionnelles ou de l’environnement sociétal et familial… En aucun cas semble-t-il l’hostilité, tandis que les approbations ont été nombreuses et spontanées, malgré les "carcans" proposés pour la structuration et la validation des documents.

Ayant le souci de rien oublier, soulignons que cette "banque de données" patrimoniales n’a pu être constituée que grâce à la coopération de plus d’une centaine de membres de la FRAPNA.

A bien des égards, que tous en soient ici chaleureusement remerciés.

Monique Coulet, Philippe Lebreton, Daniel Ariagno


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