Envisagés comme un procédé systématique qui consiste à recenser les espèces, à qualifier des écosystèmes ou des espaces, les inventaires naturalistes, également désignés par les termes « herbiers » et « flores » ou encore, si l’on remonte à un passé plus lointain, par le terme « collections », sont les héritiers de trois siècles de développement de l’amateurat en sciences.
Depuis quelques décennies, ils connaissent un nouvel essor dà » au développement des bases de données informatiques, au recours des politiques publiques à des instruments de gouvernement de plus en plus sophistiqués et opérationnels, et à une volonté croissante de gérer le vivant à l’échelle planétaire. Devenus un véritable instrument d’action publique, ces inventaires prennent la forme de recensements du patrimoine naturel, de zones naturelles d’intérêt écologique ou encore d’observatoires, et participent d’un décompte généralisé du vivant qui accompagne la diffusion du modèle néolibéral de gouvernement des sociétés et de leurs natures.
Ce numéro d’Études rurales prend la mesure historique, méthodologique et sociologique de ces permanences et de ces transformations. Il donne toute leur place aux engagements sensibles et aux pratiques des contributeurs de terrain (amateurs, agriculteurs, jardiniers, scientifiques...) tout en s’attachant à décrire le processus d’abstraction inhérent à la numérisation des donnés.
Ces travaux et leur publication sont le fruit d’une initiative lancée par l’AHPNE en 2012 pour investir l’histoire des inventaires naturalistes.
Outre sa lecture dans la version papier de la revue, le dossier est aussi disponible sur CAIRN.INFO
Sommaire du dossier
– Introduction d’Isabelle Arpin, Florian Charvolin et Agnès Fortier
– Émilie-Anne Pépy : Décrire, nommer, ordonner. Enjeux et pratiques de l’inventaire botanique au XVIIIe siècle
– Corinne Beck et Élisabeth Rémy : La loutre d’Europe (Lutra lutra). Observations profanes et données normalisées de l’inventaire naturaliste
– Florian Charvolin : La naturalisation de la côte aquitaine. Terre de mission pour l’administration et les naturalistes (1964-1969)
– Le lancement de l’inventaire des ZNIEFF (entretien Olivier Piron et Henri Jaffeux)
– Isabelle Arpin, Coralie Mounet et David Geoffroy : Inventaire naturalistes et rééducation de l’attention. Le cas des jardiniers de Grenoble
– Suzie Deschamps et Élise Demeulenaere : L’observatoire agricole de la biodiversité. Vers un ré-ancrage des pratiques dans leur milieu
– Pierre Alphandéry et Agnès Fortier : Les données naturalistes à l’épreuve de la transparence
– David Dumoulin Kervran et Elsa Faugère : « La planète Revisitée ». Fabriquer un nouveau mode d’inventaires globaux ?