En 1974, la candidature de René Dumont à l’élection présidentielle française met au jour une nébuleuse de groupes écologistes et elle fait émerger une nouvelle famille politique, l’écologie politique. Mais cette dernière ne se structure pas ex nihilo. Si elle semble trouver ses racines dans le mouvement de contestation des années 1968, il s’agit avant tout d’un moment de cristallisation o๠convergent des trajectoires individuelles venues d’horizons politiques et culturels parfois surprenants (du militant Pierre Fournier au médiatique Commandant Cousteau) mais aussi d’espaces pluriels (quelles circulations avec, notamment, l’Allemagne ou les États-Unis ?). L’écologie politique naissante est l’héritière de réflexions anthumes (celles des zoologues du XIXe tout autant que celles d’intellectuels d’inspiration marxiste, à l’instar d’André Gorz ou de Jacques Ellul). Enfin, elle hérite de pratiques sociales et de représentations collectives passées.
Il convient donc de remettre en perspective l’histoire de l’écologie politique à la lumière de l’histoire sociale et culturelle des savoirs, des discours et des représentations sur la nature qui ont jalonné les XIXe et XXe siècles. Dans une démarche interdisciplinaire, centrée sur la France mais volontiers comparatiste, l’atelier organisé par le Centre d’histoire sociale du XXe siècle et l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP), sous la responsabilité d’Anna Trespeuch-Berthelot, portera donc ses recherches sur la structuration du débat intellectuel, sur les manifestations sociales du rapport à la nature – qu’il s’agisse de mouvements de jeunesse ou des différentes tentatives de vie alternative, les « lebensreform  » (médecine naturelle, végétarisme, naturisme, réforme de l’habitat)-, sur l’évolution des représentations de la nature dans l’art, ou encore sur les premiers groupuscules militants et leur positionnement politique.
Programme :
– mercredi 1er février 2012 : Accueil de Pascal Ory. Présentation du projet, par Anna Trespeuch-Berthelot ;
– mercredi 7 mars : Les écologistes avant l’heure ? Les contestations de l’atome jusqu’à Mai 1968, par Sezin Topçu, chargée de recherche CNRS, EHESS ;
– mercredi 11 avril : Les sources théoriques de l’écologie politique française, par Jean Jacob, MCF, Université de Perpignan ;
– mercredi 9 mai : Naturisme et projets de réforme des modes de vie : un mouvement écologiste dans la France de la Belle-Époque ?, par Arnaud Baubérot, MCF, Université Paris Est Créteil Val-de-Marne ;
– mercredi 6 juin : Les regards de l’art contemporain sur la nature : quelles mutations ?, par Marion Duquerroy, ATER, Université Paris I.
Les séances, ouvertes à tous ceux que ces questions intéressent, ont lieu le mercredi de 14h à 16h, à l’IHTP, salle 124, 59-61 Rue Pouchet 75017 Paris ; M° Brochant ou Guy Môquet.